Traiter le cancer du côlon avancé grâce à un médicament contre la dépendance à la cocaïne

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Graphique montrant le cancer à l'intérieur du côlon
Selon une nouvelle étude de l’Université d’Ottawa, la vanoxérine pourrait éliminer les cellules souches cancéreuses dans les tumeurs colorectales de façon sécuritaire

Une nouvelle étude novatrice de l’Université d’Ottawa montre que la vanoxérine, un médicament mis au point pour traiter la dépendance à la cocaïne, pourrait bloquer la croissance des cellules souches du cancer colorectal avancé en modifiant les principaux réseaux de régulation génique.

Publiée dans Nature Cancer et menée par Yannick Benoit, chercheur principal et professeur agrégé au Département de médecine cellulaire et moléculaire (Faculté de médecine) de l’Université d’Ottawa, l’étude révèle que la vanoxérine joue un rôle complètement inattendu en ce qui a trait au cancer. L’équipe de recherche a observé que ce médicament arrivait à réprimer l’activité des cellules souches cancéreuses avec une efficacité remarquable dans les tissus de personnes atteintes du cancer du côlon et dans des tumeurs implantées dans les animaux de laboratoire. Il interfère avec une protéine de transport de la dopamine, une molécule présente dans le cerveau qui provoque des sensations de plaisir et de récompense, et réprime une enzyme nommée G9a dans les tumeurs colorectales.

« Essentiellement, les tumeurs traitées par la vanoxérine sont devenues plus vulnérables aux attaques du système immunitaire en raison de la réactivation d’anciens fragments d’ADN viral accumulés dans notre génome tout au long de l’évolution. Il s’agit d’une découverte majeure, puisque les tumeurs colorectales ont tendance à avoir un faible taux de réponse à l’immunothérapie conventionnelle », explique le professeur Benoit, l’une des six personnes au Canada ayant remporté le concours Early Career Investigator (chercheuse ou chercheur en début de carrière) 2022 de la Fondation Gairdner.

Un tueur silencieux

Le cancer colorectal – une croissance et une division incontrôlées de cellules dans le colon ou le rectum – est la deuxième cause de décès lié au cancer dans le monde et est considéré comme un « tueur silencieux », car il ne provoque habituellement pas de symptômes aux premiers stades. Bien que le risque augmente avec l’âge, de nouvelles statistiques montrent une hausse alarmante chez les jeunes adultes.

Profil de Yannick Benoit

« Nous espérons que notre travail puisse mener au développement de méthodes de traitement très efficaces, et donc accroître grandement les chances de survie. »

Yannick Benoit

— Chercheur principal et professeur agrégé au Département de médecine cellulaire et moléculaire

Puisque l’on diagnostique souvent ce cancer à des stades avancés, lorsque les options de traitement sont limitées, il est impératif de découvrir de nouvelles méthodes pour combattre les cellules et les tumeurs du cancer colorectal. Dans la recherche d’un médicament à l’innocuité déjà prouvée, l’option la plus prometteuse s’est avérée être la vanoxérine, un inhibiteur de recapture de la dopamine.

L’équipe de recherche a observé une toxicité si faible des traitements à la vanoxérine lors de tests auprès d’humains en santé et sur des tissus de souris que, selon le professeur Benoit, ces travaux pourraient faire naître « une façon sécuritaire d’éliminer les cellules souches cancéreuses dans les tumeurs colorectales sans endommager les “bonnes cellules” dans les organes du corps ».

Un nouveau traitement prometteur

Si la prévention et la détection précoce restent les meilleures armes contre le cancer colorectal, ces constats très convaincants pourraient ouvrir la voie à un nouveau traitement prometteur pour les personnes aux prises avec une maladie avancée.

« Pour les gens qui ont le malheur de recevoir un diagnostic de cancer colorectal avancé et agressif, nous espérons de tout cœur que notre travail puisse mener au développement de méthodes de traitement très efficaces, et donc accroître grandement les chances de survie », souligne Yannick Benoit.

Des travaux ancrés dans la collaboration

Fortement collaborative, l’étude s’appuyait sur l’expertise de l’ensemble de l’écosystème de recherche à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.

Le premier auteur est Christopher Bergin, qui a récemment obtenu son doctorat et qui travaille au laboratoire du professeur Benoit. Il a méthodiquement testé les propriétés anticancéreuses de la vanoxérine sur les cellules souches cancéreuses à partir d’organoïdes dérivés de patientes et patients. La Dre Rebecca Auer, directrice scientifique du Programme de thérapeutique anticancéreuse de L’Hôpital d’Ottawa, a donné l’accès aux tissus de personnes atteintes de cancer colorectal. Les professeurs Mario Tiberi et Michele Ardolino, quant à eux, ont offert une expertise et des connaissances précieuses.

Durant l’étude, le laboratoire du professeur Benoit a accueilli le Dr Tanguy Fenouil, un pathologiste gastro-intestinal français dont la collaboration s’est avérée essentielle.

‘The dopamine transporter antagonist vanoxerine inhibits G9a and suppresses cancer stem cell functions in colon tumors’ est publié dans Nature Cancer le 13 février 2024. DOI: 10.1038/s43018-024-00727-y


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