Pour la première fois, une équipe de recherche a réussi à prévoir le début de la saison du virus respiratoire syncytial (VRS) avec 12 jours d’avance au moyen de la surveillance des eaux usées plutôt que des indicateurs classiques, permettant ainsi aux hôpitaux de bénéficier de plus de temps de préparation, et à la province d’offrir en temps opportun des traitements de prévention contre le VRS aux bébés et aux jeunes enfants à risque.
Cette nouvelle étude, publiée dans Frontiers in Public Health, décrit pour la première fois le lien entre les résultats d’analyse des eaux usées et les données cliniques du VRS. L’équipe de recherche a utilisé les données sur les eaux usées en temps quasi réel pour déterminer avec précision le début de la saison du VRS.
En étroite collaboration avec l’Institut de recherche du CHEO et l’Hôpital pour enfants McMaster, le laboratoire du professeur Robert Delatolla à l’Université d’Ottawa a mené l’étude pendant l’intense et précoce saison 2022-2023 du VRS, en comparant les signes de présence du VRS dans les eaux usées aux renseignements recueillis lors de la surveillance clinique, c’est-à-dire le nombre de tests de dépistage positifs du VRS et d’hospitalisations liées à ce virus. L’équipe de recherche a comparé des échantillons d’eaux usées aux tendances en matière de positivité des tests cliniques de dépistage du VRS chez les enfants et d’hospitalisations attribuables à ce virus, dans les villes d’Ottawa et de Hamilton, du 1er août 2022 au 5 mars 2023. Des échantillons composites d’eaux usées, prélevés sur une période de 24 heures, ont été recueillis quotidiennement, cinq jours par semaine aux installations de traitement des eaux usées des deux villes. Mesurer la présence du VRS dans les eaux usées municipales a permis de prévoir avec 12 jours d’avance la flambée du VRS chez les enfants et un début de saison du VRS plus précoce que celui anticipé par la province dans les deux villes. Fait intéressant, la saison n’a pas commencé au même moment dans les deux villes, ce qui révèle des différences géographiques et régionales sur le plan de l’incidence du VRS entre les villes.
« Cette étude montre comment la surveillance des eaux usées, dans ce cas-ci pour détecter le VRS, peut servir à mieux répondre aux besoins en matière de santé de notre communauté. »
Robert Delatolla
— Professeur de génie civil et directeur du groupe sur la surveillance des eaux usées CoVaRR-Net
« Lorsqu’ils prévoient une augmentation des cas de virus pédiatriques, les hôpitaux aiment disposer de plus de temps pour se préparer, communiquer des messages de santé publique et s’assurer que les ressources nécessaires à la prévention du VRS et aux soins actifs ont été octroyées efficacement », souligne la Dre Nisha Thampi, auteure principale de l’étude, spécialiste des maladies infectieuses et chercheuse au CHEO. « Selon cette étude, la surveillance du VRS dans les eaux usées peut transmettre un signal d’alerte précoce à la population de la présence du VRS dans la communauté, ce qui pourrait réduire l’impact du VRS chez les plus jeunes et dans notre système de soins actifs pédiatriques. »
« Il y a actuellement plus de 4 600 endroits dans le monde et plus de 200 au Canada où l’on surveille les eaux usées pour détecter des maladies, mais il y a peu d’exemples sur la façon d’exploiter les données recueillies dans les eaux usées. Cette étude montre comment la surveillance des eaux usées, dans ce cas-ci pour détecter le VRS, peut servir à mieux répondre aux besoins en matière de santé de notre communauté », explique le professeur Delatolla, chercheur principal de l’étude et professeur titulaire au Département de génie civil de l’Université d’Ottawa, ainsi que directeur du groupe de recherche sur la surveillance des eaux usées CoVaRR-Net.
« Lorsqu’ils prévoient une augmentation des cas de virus pédiatriques, les hôpitaux aiment disposer de plus de temps pour se préparer, communiquer des messages de santé publique. »
La dre Nisha Thampi
— Professeure agrégée à la Faculté de médecine
Le laboratoire du professeur Delatolla poursuit sa collaboration avec la Dre Thampi, professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et auteure principale de l’étude, et étendra cette étude à d’autres villes ontariennes.
La surveillance des eaux usées est largement utilisée pour évaluer la propagation de la pandémie dans des communautés de partout dans le monde. Peu après le début de la pandémie, l’Institut de recherche du CHEO a collaboré avec le laboratoire du professeur Delatolla, pionnier en matière de surveillance des eaux usées et premier au Canada à mettre en œuvre un programme de détection du SARS-CoV-2 (COVID-19) dans les eaux usées, en 2020. Le professeur Delatolla et son laboratoire continuent de fournir des données quotidiennes sur l’ARN viral à Santé publique Ottawa, qui les compile dans ses rapports sur les maladies respiratoires.
Cette recherche a été réalisée grâce à une subvention attribuée au professeur Robert Delatolla par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada.
L’article « Wastewater-based surveillance identifies start to the pediatric respiratory syncytial virus season in two cities in Ontario, Canada » a été publié le 26 septembre 2013 dans la revue Frontiers in Public Health. DOI : 10.3389/fpubh.2023.126116
Demandes médias :
Paul Logothetis
Agent de relations médias, uOttawa
plogothe@uOttawa.ca