De l'expérience de terrain à la connaissance analytique : mon expérience rurale bolivienne

Par Estefano

Climate Change Adaptation Officer, Centre for International Studies and Cooperation(CECI)

Bolivia flag floating in the air
From the Field
Bolivie
Photo d'un coucher de soleil prise depuis l'intérieur d'une voiture au milieu d'une forêt
« Toutes les expériences ne sont pas passionnantes ou pratiques, mais elles peuvent être aussi gratifiantes. »

Estefano Temple, licence en études des conflits et droits de l'homme
Pays d'accueil : Bolivie
ONG canadienne : Centre d'étude et de coopération internationale (CECI)
ONG locale : Comunidad en Acción/Plataforma Boliviana frente al Cambio Climático
 

J'ai effectué mon stage par l'intermédiaire du CECI, une ONG canadienne qui m'a placée auprès de son partenaire local APCOB, une ONG qui travaille à l'autonomisation des peuples autochtones de l'est de la Bolivie. Mon mandat s'est déroulé dans une petite ville appelée Concepcion et a duré 3 mois au cours desquels j'ai travaillé en étroite collaboration avec les communautés indigènes locales sur différents thèmes. L'équipe travaille sur plusieurs domaines d'action pour aider les communautés à devenir plus indépendantes et durables. Pour ce faire, elle organise des ateliers sur l'économie, le social et le genre, et l'administration, entre autres. J'ai accompagné plusieurs fois mes collègues à ces ateliers, et c'est toujours une expérience très enrichissante qui m'a appris le lien étroit entre les communautés et leur terre. En général, nous nous levons tôt car nous partons vers 7 heures du matin, et nous revenons après le déjeuner car la plupart des communautés vivent loin. Bien que je n'aie pas encore eu l'occasion de donner un atelier, le fait de les assister et d'observer l'impact qu'ils ont est toujours une expérience enrichissante, de même que la rencontre avec les membres de la communauté. Il y a également un sentiment de réciprocité qui se crée lors de ces ateliers, car nous avons tendance à apporter de la nourriture dans les colonies et les résidents la cuisinent pour tout le monde à l'heure du déjeuner.
 

Cela dit, nous avons aussi vécu des situations inattendues qui m'ont vraiment fait sortir de ma zone de confort. Par exemple, nous nous sommes rendus une fois dans une communauté située à 4 heures de la ville, par une chaude journée. Nous avons donné un atelier, mangé et sommes partis vers 13 ou 14 heures, mais sur le chemin du retour, notre voiture s'est arrêtée au milieu de la forêt, où personne n'avait de réseau. Nous avons pensé qu'il s'agissait simplement de la batterie et nous avons essayé de pousser la voiture (dans la chaleur) aussi vite que possible pour la faire redémarrer. Rien, alors nous avons attendu qu'une autre voiture passe et redémarre notre batterie, mais il s'est avéré que la batterie n'était pas en cause. Je ne suis pas doué pour les voitures, donc je n'ai aucune idée de la cause de l'incident, mais entre l'arrêt de la voiture et l'attente de quelqu'un de la ville pour nous ramener, environ 12 heures se sont écoulées et j'ai fini par rentrer à la maison à 2 heures du matin. Je dois dire que malgré l'attente, la chaleur et les piqûres de moustiques, ce fut une expérience inoubliable, car on ne peut s'empêcher d'être émerveillé par la nature dans ce genre de moments... et j'ai pu prendre de belles photos !
 

Néanmoins, toutes les expériences ne sont pas passionnantes ou pratiques, mais elles peuvent être aussi gratifiantes. Pendant une grande partie de mon stage, j'ai travaillé à la rédaction et à l'édition d'un mémoire sur une séance de questions-réponses que mon ONG a eue avec des dirigeants indigènes. Je devais transcrire plusieurs heures de discours, et je n'avais pas l'oreille pour le faire au fur et à mesure qu'ils parlaient, j'ai donc dû utiliser un logiciel. Bien que ce logiciel m'ait beaucoup aidée, il me restait encore beaucoup de travail d'édition à faire. J'ai eu du mal au début, mais j'ai reçu le soutien de collègues qui m'ont aidée à comprendre les accents locaux des enregistrements et la signification de certains mots, ce qui a rendu la tâche beaucoup plus facile à gérer. Bien que j'aie été débordée au début, j'ai fini par me sentir beaucoup plus à l'aise avec l'espagnol local, tant à l'écrit qu'à l'oral. J'ai également appris tellement de choses sur l'histoire en effectuant cette tâche que j'ai commencé à la considérer comme un privilège. Le mémoire résume la lutte que les peuples indigènes de la région ont dû mener pour récupérer leurs terres, un défi fastidieux marqué par la violence et le deuil, certains événements semblant tout droit sortis d'un film d'action. Au début du stage, je ne connaissais que la partie émergée de l'iceberg entourant les revendications territoriales, malgré les explications de mes collègues sur les événements historiques. Cependant, le fait d'entendre ces luttes de la bouche de personnes qui les ont vécues m'a aidé à comprendre la profondeur des inégalités que les indigènes boliviens ont subies il y a seulement quelques décennies.
 

Tout bien considéré, je n'aurais pas pu rêver d'un meilleur système de soutien, tant de la part de ma famille et de mes amis que de mon ONG, qui s'est occupée de moi à chaque étape du processus. Bien que mon ONG canadienne (CECI) soit située à l'autre bout du pays, nous nous sommes toujours efforcés de rester en contact. Non seulement pour me tenir au courant de l'avancement de mon travail, mais aussi pour s'assurer que tout allait bien sur le plan personnel. Dans l'ensemble, mon expérience a été très enrichissante jusqu'à présent, grâce à des aventures inattendues et à des tâches routinières qui m'ont beaucoup appris sur mon environnement.