Cet article a été mis à jour le 14 avril, 2020
La semaine dernière, le gouvernement de l’Ontario a demandé au secteur manufacturier de produire de l’équipement de protection individuelle pour les travailleurs de première ligne en santé en prévision d’une pénurie imminente.
Des ingénieurs de l’Université d’Ottawa n’ont pas tardé à répondre à l’appel du gouvernement. À l’aide des imprimantes 3D et des découpeurs au laser de l’atelier Makerspace Richard-L’Abbé, un petit groupe d’étudiants et d’étudiantes s’affairent actuellement à combler les besoins des professionnels de la santé en créant des protecteurs faciaux en plastique.
« Nous avons tous vu les images horribles de ce qui se passe en Italie. J’ai demandé à quelques personnes du Centre en génie entrepreneurial de la conception (CGEC) de réfléchir à des façons d’aider », affirme la professeure de génie électrique Hanan Anis, à la tête de l’atelier Makerspace. « Les masques se sont imposés comme le besoin le plus criant et la solution la plus simple. Mon étudiant Mohamed Elsageyer s’est donc attelé à la conception du prototype. »
Le groupe produit environ 300 masques quotidiennement et pourrait arriver à en faire plus s’il mettait la main sur d’autres imprimantes 3D. La professeure Anis précise que les demandes de masques n’ont pas cessé depuis qu’elle en a annoncé la fabrication dans les médias sociaux, il y a de cela quelques jours.
Une de ces demandes est venue du Dr Bernard Leduc, président-directeur général de l’Hôpital Montfort. Ce dernier a eu vent, par l’entremise d’une publication sur Twitter, de ce que la professeure Anis et son équipe étaient en train de mettre au point, et il s’est déplacé jusqu’à l’atelier Makerspace pour jeter un coup d’œil aux masques. Il en a même rapporté à l’hôpital afin de les utiliser dans le cadre de simulations.
« L’hôpital a un besoin urgent de masques », affirme le Dr Leduc. « Nous sommes à la merci des sources d’approvisionnement, et nous ne savons pas quand aura lieu la prochaine livraison. Si nous n’en recevons pas régulièrement et que les activités cliniques entourant la COVID-19 augmentent, nous serons aux prises avec de graves problèmes. L’Europe a dû se résoudre à porter des masques sur des périodes prolongées, ce qui met la vie de tout le monde en danger. »
Selon le Dr Leduc, ses collègues de l’Hôpital Montfort ont très hâte de collaborer avec l’équipe de l’atelier Makerspace, sans compter qu’ils sont soulagés d’avoir possiblement trouvé une solution à la pénurie d’équipement de protection individuelle.
Le groupe, composé de cinq ingénieurs de l’Université d’Ottawa, continue d’améliorer les protecteurs faciaux, notamment en allongeant la visière et les rebords, en y ajoutant du rembourrage au niveau du front et en renforçant la bride de soutien.
L’équipe travaille également à la production d’un prototype de respirateur à faible coût – un type d’équipement qui est en ce moment extrêmement convoité par les médecins et les travailleurs de la santé dans leurs efforts visant à éviter les décès causés par la COVID-19.
« En tant qu’ingénieurs, nous nous sentons souvent démunis parce que nous n’évoluons généralement pas au front », dit la professeure Anis. « Mais la communauté des innovateurs de la fabrication collaborative fait face à la crise avec une incroyable ingéniosité. C’est la culture que nous avons créée ici, et je n’ai jamais douté que la communauté qui l’a adoptée sauterait sur l’occasion pour faire sa part. »
L'équipe de l'atelier Makerspace recevra également un don de 25 000 dollars de la Banque Scotia, qui a réservé la somme de 2,5 millions de dollars pour aider à soutenir les efforts de la communauté dans la lutte contre la propagation de la COVID-19.
Sandra Odendahl, vice-présidente du Développement durable et impact social à la Banque Scotia, a souligné que ce don a été offert après qu'un membre de son équipe ait lu un article sur des laboratoires de génie qui innovent en utilisant des imprimantes 3D pour fabriquer des équipements de protection.
Mme Odendahl, une diplômée de la Faculté de génie, a communiqué avec des professeurs de l'Université d'Ottawa et d’ailleurs, pour savoir s'ils travaillaient sur un projet similaire. C'est alors qu'ils ont découvert l'initiative de la professeure Hanan Anis, dit-elle.
Les étudiants et étudiantes qui font partie de cette initiative sont Justine Boudreau, gestionnaire de l’atelier Makerspace et du Makerlab, Midia Shiekh Hassan, gestionnaire du programme Makerlaunch, ainsi que les étudiants en génie Simon Tremblay et Mohamed Elsageyer.