Par Corinne Atiogbé et Kelly Haggart
Les mathématiques : une matière importante pour faire des études supérieures et accéder à toutes sortes d’emplois. Pourtant, de nombreux élèves immigrants ou venus d’ailleurs au Canada éprouvent des difficultés dans ce domaine. Un mauvais rendement qui peut donc entraîner des conséquences néfastes à long terme.
Au cours d’un projet intitulé Migration in Mathematics Classrooms (la migration et les cours de mathématiques), quatre chercheurs de la Faculté d’éducation se pencheront sur l’incidence qu’un changement de pays ou de région peut avoir sur l’apprentissage des mathématiques chez les enfants. Ils comptent faire participer des élèves et des enseignants d’une dizaine d’écoles élémentaires de l’Ontario et du Québec. Le projet s’étalera sur trois ans.
Pour les élèves chez qui la migration a signifié un grand changement, les méthodes d’enseignement et d’apprentissage des mathématiques dans leur nouveau milieu peuvent sembler déconcertantes. Mais si ces enfants se retrouvent parfois dans un univers pédagogique peu familier, ils apportent aussi souvent de nouvelles façons d’apprendre les mathématiques.
La diversité des expériences enrichit les cours
« Quoique la migration est très déstabilisante pour certains enfants, nous ne voulons pas les voir comme un problème qu’il faut “régler” », souligne Richard Barwell, qui dirige le projet. « Le fait d’avoir migré ne signifie pas qu’on ne peut pas réussir. Cela signifie simplement qu’on a un vécu particulier, un vécu qui peut considérablement enrichir les cours de mathématiques. »
M. Barwell (qui est également le doyen de la Faculté) et ses collègues de recherche : Yasmine Abtahi, Ruth Kane et Christine Suurtamm donneront aux enfants l’occasion de raconter leur expérience des mathématiques après la migration et de partager ces perspectives avec les enseignants. L’objectif consiste à promouvoir le dialogue entre élèves et instituteurs, à sensibiliser ceux-ci aux expériences de ceux-là et à inspirer des changements dans l’enseignement des mathématiques.
« D’habitude, les études portent sur l’expérience des élèves ou des enseignants, soit l’un ou l’autre », explique la professeure Abtahi. « Mais la nôtre donnera une voix aux deux à la fois et encouragera un dialogue interculturel en invitant autant les élèves et les enseignants à partager leurs expériences. »
L’étude, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines, se penchera sur la perspective des enfants dont la famille a immigré au Canada pendant leur scolarité ou qui sont arrivés en tant que réfugiés, ou encore, qui proviennent d’autres régions du Canada et sont placés dans un contexte différent (p. ex. issus d’une communauté autochtone ou rurale et scolarisés en milieu urbain à présent).
Impliquer les élèves dans la recherche
« Nous désirons que les élèves participent au projet en tant que chercheurs », affirme le professeur Barwell. « Nous allons donc demander à quelques-uns d’entre eux de recueillir des données dans leur classe. Par exemple, des choses qui sont nouvelles pour eux, comme des mathématiques, une méthode d’enseignement ou un langage qu’ils ne connaissaient pas jusqu’ici. »
« Ils consigneront certaines de ces choses, puis ils travailleront pour produire un document qui témoigne de leurs expériences — vidéo, affiche ou texte. Et pour finir, nous partagerons leurs créations avec les instituteurs de l’école. »
Les chercheurs espèrent que leurs résultats — et les travaux des enfants — serviront à produire du matériel pédagogique qui encouragera de nouvelles idées et pratiques dans les classes de mathématiques en Ontario, au Québec et ailleurs.
Le professeur Barwell explique qu’il existe peu d’études centrées sur le lien entre la migration et les mathématiques. Selon lui, cette question mérite d’être examinée, car il est important de favoriser l’expérience de ces jeunes venus d’ailleurs. Et de conclure : « Cela peut faire une différence de taille. »