El Niño, La Niña et les changements climatiques déclenchent des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier

Par Isabelle Mailloux

Media Relations, uOttawa

Salle de presse
Expertise universitaire
Faculté de génie
El Niño, La Niña et les changements climatiques déclenchent des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier
Le réchauffement des températures, l'élévation du niveau de la mer et l'augmentation de l'humidité atmosphérique rendent les phénomènes météorologiques plus extrêmes et plus destructeurs.

Les conditions météorologiques extrêmes font des ravages dans le monde entier : des vagues de chaleur et des dômes de chaleur touchent le Canada, les États-Unis, l'Inde, la Grèce, l'Asie du Sud-Est et ont fait des centaines de victimes en Arabie saoudite, tandis que des inondations majeures touchent l'Allemagne, le Sri Lanka, l'Indonésie et le Brésil, où 90 personnes ont déjà été tuées et des centaines de milliers ont dues être évacuées. Et il semble que presque quotidiennement, nous recevons des alertes météo nous informant d’événements météorologiques violents qui approchent.

Hossein Bonakdari, professeur agrégé de génie civil à la faculté d'ingénierie de l'Université d'Ottawa, utilise sa technologie de modélisation météorologique appuyée par l’IA pour jauger le rôle des phénomènes météorologiques El Niño, La Niña et du changement climatique sur les prévisions météo de l'été. 
 

Question : Quels sont les facteurs à l'origine de l'augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde ?

Hossein Bonakdari : Il n'est pas surprenant de constater une aggravation des extrêmes climatiques si tôt dans l'année, étant donné que le monde a connu des hausses de température sans précédent en raison d'El Niño. Mais les phénomènes météorologiques extrêmes continuent de s'intensifier à l'échelle mondiale et ce que nous avons observé en juin est cohérent avec le changement climatique.

L'augmentation des températures mondiales accroît la capacité de l'atmosphère à retenir l'humidité, ce qui entraîne des tempêtes plus intenses et des précipitations plus abondantes. Il en résulte des tempêtes de grêle, des vents violents et des tornades plus fréquents et plus violents. 
 

Q : Ces phénomènes météorologiques sont-ils liés à la transition entre El Niño à La Niña ?

Hossein Bonakdari : Moins de 10 % du réchauffement de l'année dernière était attribuable à El Niño, alors que plus de 90 % était imputable aux activités humaines. Cette disparité importante souligne le rôle dominant des facteurs anthropiques, tels que les émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion de combustibles fossiles, de la déforestation et des processus industriels, dans la tendance actuelle au réchauffement de la planète.

El Niño a tendance à apporter des conditions plus chaudes et plus humides, tandis que La Niña entraîne souvent des conditions plus fraîches et plus sèches dans de nombreuses régions du monde. Toutefois, les deux phénomènes peuvent contribuer à l'apparition de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les orages violents et les tornades. La transition entre ces phases peut modifier radicalement les conditions météorologiques à travers le monde. Au cours de ces transitions, l'atmosphère réagit aux changements de température des océans, ce qui peut créer des points chauds pour les phénomènes météorologiques extrêmes. Par exemple :

1. Augmentation de l'activité cyclonique : Pendant La Niña, la saison des ouragans dans l'Atlantique a tendance à être plus active, ce qui se traduit par un plus grand nombre de tempêtes tropicales et d'ouragans. Il peut en résulter des conditions météorologiques extrêmes, notamment de fortes précipitations, des inondations et des vents violents dans les zones touchées.

2. Températures extrêmes : La période de transition peut entraîner des changements soudains dans les schémas de température. Les régions qui connaissaient des conditions plus fraîches pendant El Niño peuvent soudainement être confrontées à des vagues de chaleur lorsque La Niña s'installe, et vice versa.

3. Sécheresses et inondations : La Niña apporte souvent des conditions plus sèches dans le sud-ouest des États-Unis et des conditions plus humides dans le nord-ouest du Pacifique. De même, l'Asie du Sud-Est et l'Australie peuvent connaître davantage de précipitations et d'inondations pendant La Niña, ce qui contraste avec les conditions de sécheresse qui peuvent survenir pendant El Niño.

4. Perturbations météorologiques à l'échelle mondiale : La transition peut également affecter les courants-jets, qui sont des courants d'air rapides dans l'atmosphère. Les modifications de ces courants-jets peuvent entraîner des phénomènes météorologiques inhabituels, tels que des vagues de chaleur prolongées, des périodes de froid inattendues ou des tempêtes non saisonnières dans diverses régions du monde.
 

Hossein Bonakdari, professeur agrégé de génie civil à la faculté de génie
Modélisation météorologique IA

« Les modèles prédictifs suggèrent que nous allons probablement assister à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes »

Hossein Bonakdari

— Professeur agrégé de génie civil

Q : Vos modèles de prévision météorologique vous indiquent-ils que ces phénomènes météorologiques extrêmes vont se multiplier ?

Hossein Bonakdari : Les modèles prédictifs suggèrent que nous allons probablement assister à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, bien que l'impact sur les températures puisse varier d'une région à l'autre. Bien que La Niña entraîne des températures mondiales plus fraîches qu'El Niño, elle n'annule pas la tendance à long terme à l'augmentation des températures due au changement climatique. En conséquence :

  • Des températures de référence plus élevées : Même pendant La Niña, les températures mondiales de référence sont plus élevées qu'au cours des décennies précédentes en raison du réchauffement climatique en cours.
  • Vagues de chaleur et températures extrêmes : Bien que La Niña puisse entraîner un refroidissement régional dans certaines zones, d'autres régions peuvent encore connaître des vagues de chaleur et des températures extrêmes exacerbées par le changement climatique.

La combinaison des conditions de La Niña et des températures de surface de la mer anormalement élevées crée également un environnement propice à des ouragans plus fréquents et plus intenses cet été. La saison des tempêtes atteindra son apogée en août. Ce scénario augmente la probabilité d'une saison cyclonique extraordinaire, car La Niña entraîne généralement une activité cyclonique plus intense dans l'océan Atlantique.



Informations : media@uottawa.ca


Hossein Bonakdari
Professeur Agrégé
Génie civil
Faculté de génie
Université d'Ottawa
hossein.bonakdari@uottawa.ca