Le nouveau coronavirus se propageant à un rythme alarmant, il ne faut pas s’étonner que les entreprises du monde entier mettent les bouchées doubles pour développer une solution de dépistage rapide et facile de la COVID-19. La chance a voulu que Spartan Bioscience Inc., une société de biotechnologie d’Ottawa dont le fondateur et chef de direction est un diplômé de la Faculté de médecine, soit déjà fin prête à franchir la ligne d’arrivée.
Dès les premiers jours de la pandémie, Paul Lem et son équipe de Spartan Bioscience ont commencé à étudier des moyens de convertir les analyseurs d’ADN de l’entreprise en trousses de dépistage de la COVID-19. Après que les Centers for Disease Control (CDC) aient publié sur leur site Web leur « recette » pour la conception d’un test de laboratoire afin de dépister le nouveau coronavirus, Paul Lem a su qu’il pourrait l’incorporer dans son dispositif; alors il s’est mis au travail.
« Pendant 14 ans, mon équipe et moi avons entretenu le rêve qu’un jour, ces tests ADN portatifs seraient disponibles partout et tout le monde pourrait y avoir accès. Aujourd’hui, tout est fermé dans mon quartier, les gens perdent leur emploi et les répercussions sur l’économie sont évidentes. Des dizaines de milliers de personnes sont malades et un nombre considérable de gens meurent. La situation est tragique. Mon équipe et moi sommes conscients de l’importance de ces tests de dépistage de la COVID-19. C’est pourquoi nous travaillons d’arrache-pied pour les développer et les expédier », confie Paul Lem.
Le 22 janvier 2021, Spartan Bioscience a reçu le feu vert de Santé Canada, autorisant la vente de l'appareil. La technologie avait été limitée à un usage de recherche en mai 2020 pour répondre aux exigences en matière de sécurité et d'efficacité. La compagnie en a profité pour améliorer les trousses de dépistage pour qu’elles puissent être expédiées et entreposées à la température ambiante, au lieu d’être congelées.
Le Spartan Cube est petit, mais d’une grande précision
Le Spartan Cube, qui est un analyseur d’ADN, est portatif, très précis et aussi facile à utiliser qu’une cafetière individuelle. Il peut donc être utilisé par du personnel non spécialisé.
Des échantillons d’ADN sont prélevés dans la bouche ou le nez d’une personne à l’aide d’un écouvillon non invasif qu’on introduit dans une cartouche de test à usage unique, conçu pour détecter les traces du nouveau coronavirus. La cartouche est ensuite introduite dans le Spartan Cube qui révèle les résultats dans l’heure.
Le Spartan Cube est l’analyseur d’ADN le plus petit et le plus portatif au monde. Il est également le moins cher à fabriquer, donc le plus abordable.
Mieux encore, il peut être adapté pour dépister n’importe quel organisme ou virus — y compris le coronavirus — tant que les échantillons du matériel génétique nécessaires pour établir la comparaison sont disponibles.
La technologie de Spartan est sur le marché depuis déjà un certain temps. Des organismes de pointe tels que la Mayo Clinic, les CDC, le New York State Department of Health, ainsi que des entreprises de la liste Fortune 500 l’utilisent pour diverses applications.
Avant la pandémie, la technologie de Spartan était utilisée pour le dépistage rapide de Legionella, une bactérie mortelle qui peut se propager à travers les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation. Les hôpitaux ont également utilisé cette technologie pour détecter chez les patients une mutation génétique qui pourrait affecter la façon dont ils métabolisent les médicaments habituels.
« La technologie du Spartan Cube n’est pas différente. Nous avons modifié la programmation du cycle ainsi que les cartouches qu’on met à l’intérieur du cube pour lui permettre de détecter le nouveau coronavirus. C’est comme si vous mettiez une nouvelle capsule dans votre cafetière individuelle. La cafetière reste la même, mais la capsule donne au café un arôme différent », explique Paul Lem.
Une relation de longue date avec l’Université d’Ottawa et la communauté locale de jeunes entreprises
Quand il était étudiant en médecine à l’Université d’Ottawa, Paul Lem a passé beaucoup de temps à travailler sur sa technologie de test d’ADN dans les laboratoires de microbiologie. Grâce au Service de soutien à l’innovation de l’Université d’Ottawa, qui s’appelait à l’époque le Bureau de transfert et de valorisation de la technologie, Paul Lem a pu lancer sa première jeune entreprise et obtenir la propriété intellectuelle de ses analyseurs d’ADN portatifs.
Pour convertir le cube en test de COVID-19, Paul Lem a travaillé en étroite collaboration avec Marc Desjardins, microbiologiste à l’Hôpital d’Ottawa, qui a aidé l’entreprise à obtenir des échantillons d’ADN du coronavirus. Il a également travaillé avec le Dr Derek So de l’Institut de cardiologie de l'Université d’Ottawa, qui avait récemment obtenu l’approbation du Comité d’éthique de la recherche afin de mener une petite étude clinique pour mettre à l’épreuve les analyseurs de COVID-19 sur le terrain.
Originaire de Toronto, Paul Lem a décidé de s’installer à Ottawa parce que, comme il le dit, c’est l’endroit par excellence pour créer une entreprise de biotechnologie. « Cette ville renferme beaucoup de très bons scientifiques et ingénieurs que nous sommes en mesure d’embaucher. »
Paul Lem, ardent défenseur de l’entrepreneuriat, participe régulièrement à des tables rondes et ateliers d’accompagnement de l’Université d’Ottawa pour aider de jeunes entreprises à s’établir.
« Ce qui me plaît le plus à Ottawa, c’est que tout le monde vous aide. Cela fait 14 ans que la communauté soutient réellement Spartan. Nous sommes plus qu’une entreprise anonyme parmi d’autres. Je pense qu’Ottawa appuie véritablement ses équipes locales et j’en suis vraiment reconnaissant », déclare Paul Lem.
Cet article a été mis à jour le lundi 25 janvier 2021.