Par Linda Scales
Brent « Sully » Sullivan, entraîneur adjoint de l’équipe de hockey masculin des Gee-Gees, a un message à transmettre, mais il laisse ses pieds parler pour lui. Il s’apprête à courir les 21 kilomètres du demi-marathon qui aura lieu pendant la Fin de semaine des courses d’Ottawa, le 27 mai. Il veut ainsi soutenir la sensibilisation à la commotion cérébrale et la recherche sur ce problème de santé. Il veut aussi faire comprendre que les survivants d’une commotion cérébrale ne sont pas forcément condamnés à une vie misérable.
« J’ai l’impression que les seuls témoignages qu’on entend sur les commotions cérébrales sont des histoires d’horreur », dit le jeune homme de 28 ans. « C’est vraiment dommage. À mon sens, on a besoin, de temps en temps, d’entendre à ce sujet une histoire qui finit bien et qui montre qu’on peut s’en remettre. »
Né et élevé à Carp, un peu à l’ouest d’Ottawa, Brent Sullivan a commencé à jouer au hockey à l’âge de quatre ans. Son talent pour ce sport lui a permis de concourir parmi l’élite au niveau junior. Mais le prix à payer a été lourd : pas moins de 14 commotions cérébrales recensées, qui ont fini par le forcer à renoncer à jouer... et aussi à poursuivre ses études. Il a eu recours à des preneurs de notes pour ses cours d’université, on lui a accordé du temps supplémentaire pour écrire ses examens et remettre ses travaux. Mais cela n’a pas été suffisant : ses problèmes de mémoire l’ont empêché de finir son diplôme. « Mon état de santé à l’époque ne me permettait pas de tirer tout le parti possible de ces services », dit-il. Il se dit heureux d’être aujourd’hui entraîneur de hockey. « J’entreprends ma septième année, la troisième avec les Gee-Gees. »
Même s’il souffre de maux de tête, d’étourdissements, de nausée et de l’impression fréquente de ne pas se sentir lui-même, c’est sa dernière commotion, causée par un accident de voiture quand il avait 25 ans, qui s’est révélée la plus dévastatrice. « La dépression m’a vraiment terrassé », dit-il en évoquant les problèmes de santé mentale, comme les crises d’angoisse et de panique, qui ont suivi l’accident. « Chaque fois que les gens lisent quelque chose au sujet des liens étroits qu’il y a entre les commotions cérébrales et la santé mentale, c’est toujours, je pense, une réalité difficile à saisir pleinement. »
Une nouvelle réalité
« Je savais que mon état ne s’améliorerait pas sans que j’y mette du mien », dit Brent Sullivan pour expliquer sa décision de s’entraîner en vue du demi-marathon. « Je suis un ancien joueur de hockey. La forme physique occupait donc une place importante dans ma vie avant que mes commotions cérébrales ne prennent toute la place. À pareille date l’an dernier, ma forme physique et mentale était probablement au plus bas qu’elle ait jamais été. Je me suis dit qu’il fallait que j’essaie de me prendre en main. C’est comme que l’idée de cette course, Run Sully Run, est née. »
Il estime avoir beaucoup de chance, parce que bien d’autres survivants d’une commotion cérébrale ne pourraient jamais supporter l’entraînement rigoureux que réclame une pareille course.
« Le plus grand défi a consisté simplement à sortir de chez moi », raconte-t-il en évoquant les difficultés qu’il a eues pour se motiver à aller s’entraîner, le plus souvent en solitaire. « Mais les bienfaits sont visibles. Je dors mieux, les crises d’angoisse ont commencé à se calmer et la dépression a disparu. J’ai perdu 60 livres en près de huit mois, ce qui a beaucoup renforcé mon estime de moi et m’a donné de l’assurance! »
« C’est le lot qui m’a été attribué », conclut-il. « J’ai mes défis à relever quotidiennement, mais j’ai appris à tirer le meilleur parti possible de mes journées. J’ai vraiment eu beaucoup de chance, compte tenu de l’état dans lequel j’étais. »
Appuyez Run Sully Run
Avis à tous les coureurs, marcheurs et partisans des bonnes causes : il est encore temps d’appuyer la campagne Run Sully Run. Brent « Sully » Sullivan invite la population à venir courir ou marcher dans l’une ou l’autre des courses qui auront lieu pendant la Fin de semaine des courses d’Ottawa, les 26 et 27 mai 2018, et à l’aider à recueillir des fonds au profit de la Concussion Legacy Foundation Canada, qui s’occupe de sensibilisation et d’éducation en matière de commotions cérébrales.