Le cancer du sein est en hausse chez les femmes canadiennes dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine

Par Paul Logothetis

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Femme tatouée ayant subi une opération du cancer du sein et essayant un soutien-gorge
Rebekah Vos (Unsplash)
Une équipe de recherche appelle à un virage immédiat dans les politiques de santé publique pour y intégrer la détection précoce, essentielle pour réduire les complications et les décès liés au cancer du sein.

Les cancers du sein chez les femmes âgées de moins de 50 ans sont en hausse au Canada, selon une étude montrant une augmentation des diagnostics de cancer du sein chez les femmes dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine.

Dirigée par la Dre Jean Seely, cette étude publiée dans le Canadian Association of Radiologists Journal a analysé les cas de cancers du sein sur une période de 35 ans pour déceler des tendances en matière de détection chez les jeunes femmes au pays.

« Les cancers du sein chez les jeunes femmes, généralement diagnostiqués à des stades plus avancés, sont souvent plus virulents, affirme la Dre Seely, chef de la section d’imagerie mammaire à L’Hôpital d’Ottawa et professeure à l’Université d’Ottawa. Cette hausse des cas chez les femmes dans la vingtaine et la trentaine est alarmante, car celles-ci ne bénéficient pas d’un dépistage régulier du cancer du sein. » 

Profil de la Dre Jean Seely

« Cette hausse des cas chez les femmes dans la vingtaine et la trentaine est alarmante, car celles-ci ne bénéficient pas d’un dépistage régulier du cancer du sein. »

La Dre Jean Seely

— Professeure, Département de radiologie, et chef de la section d’imagerie mammaire, Hôpital d’Ottawa

Un risque qui augmente avec l’âge

En utilisant des données du Système national de déclaration des cas de cancer (1984-1991) et du Registre canadien du cancer (1992-2019) de Statistiques Canada, l’équipe de recherche, composée notamment de Larry Ellison (Statistiques Canada) et de la Dre Anna Wilkinson, professeure agrégée à la Faculté de médecine, a analysé l’ensemble des diagnostics de cancer du sein chez les femmes âgées de 20 à 54 ans.

Voici les faits saillants :

  • Chez les femmes dans la vingtaine, on comptait 3,9 cas par 100 000 personnes entre 1984 et 1988, comparativement à 5,7 cas par 100 000 personnes entre 2015 et 2019, une hausse de 45,5 %.
  • Chez les femmes dans la trentaine, on comptait 37,7 cas par 100 000 personnes entre 1984 et 1988, comparativement à 42,4 cas par 100 000 personnes entre 2015 et 2019, une hausse de 12,5 %.
  • Chez les femmes dans la quarantaine, on comptait 127,8 cas par 100 000 personnes entre 1984 et 1988, comparativement à 139,4 cas par 100 000 personnes entre 2015 et 2019, une hausse de 9,1 %.

Les résultats de l’étude montrent l’importance de cibler les jeunes femmes dans les campagnes de sensibilisation au cancer du sein et les programmes de dépistage. La santé publique concentre ses efforts sur les femmes de plus de 50 ans, mais ces résultats suggèrent que les jeunes femmes courent un risque croissant et pourraient bénéficier d’un dépistage précoce et plus fréquent.

Profil de Chelsea Bland

« Les jeunes femmes ne sont pas prises au sérieux lorsqu’elles découvrent une bosse, car on leur dit qu’elles sont trop jeunes pour souffrir d’un cancer du sein. »

Chelsea Bland

Expérience personelle

Chelsea Bland est l’une de ces femmes.

C’est quand elle a entendu parler qu’une personne de 33 ans avait succombé à un cancer du sein que Mme Bland, qui était âgée de 28 ans à l’époque, a décidé de s’auto-examiner. Elle a alors remarqué une bosse qui, après des examens de dépistage, s’est avérée cancéreuse. Ont ensuite commencé les traitements. Bien qu’elle soit en rémission depuis deux ans, elle continue à suivre une hormonothérapie. Cette expérience l’a incitée à participer à la création d’un groupe local de soutien par les pairs pour les femmes plus jeunes (âgées de 28 à 40 ans).

« J’espère qu’en attirant l’attention sur cette étude, les gens réfléchiront à deux fois avant de dire qu’on est trop jeune à 20, 30 ou 40 ans pour développer un cancer du sein. Dans mon groupe de soutien, j’ai entendu la même histoire encore et encore, affirme Mme Bland. Les jeunes femmes ne sont pas prises au sérieux lorsqu’elles découvrent une bosse, car on leur dit qu’elles sont trop jeunes pour souffrir d’un cancer du sein. Cela mène à des retards dans les diagnostics et à des diagnostics à un stade plus avancé. Nous ne sommes pas trop jeunes pour ça, et ça arrive à des femmes qui n’ont pas de marqueurs génétiques à haut risque pour le cancer du sein, comme moi. »

Amélioration de la sensibilisation

Les chercheuses affirment qu’il faudra davantage de recherches pour comprendre les raisons de la hausse des cancers chez les jeunes femmes, de l’information qui pourrait servir à l’élaboration de stratégies d’intervention ciblées.

« Nous réclamons une plus grande sensibilisation quant à l’incidence croissante du cancer du sein chez les prestataires de soins et le public », affirme la Dre Seely, qui aux côtés de la Dre Wilkinson, a grandement documenté les avantages du dépistage précoce chez les femmes dans la quarantaine. « Nous devons adapter nos stratégies et politiques à ces nouvelles tendances, afin de nous assurer que les femmes de tout âge aient accès à l’information et aux ressources dont elles ont besoin pour détecter et combattre cette maladie. »

Demandes médias et entrevues (en français et anglais) : media@uOttawa.ca