• La buprénorphine présente un faible risque d’entraîner des symptômes de sevrage.
• Il s’agit d’un traitement hautement efficace du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes.
Les répercussions de la consommation d’opioïdes au Canada sont évidentes : on observe en moyenne 22 décès quotidiens causés par une surdose. Chez les personnes qui survivent, les symptômes de sevrage nuisent grandement au combat contre la dépendance.
Une équipe de recherche de l’Université d’Ottawa a toutefois conclu dans une revue qu’un médicament couramment utilisé pour traiter la dépendance cause peu de symptômes de sevrage et devrait être davantage prescrit.
Comme la méthadone, l’administration de buprénorphine est un traitement basé sur des données probantes qui s’est montré efficace pour réduire la consommation d’opioïdes, réduire le nombre de retours à l’urgence (78 par jour) et d’hospitalisations (17 par jour), et réduire par le fait même le taux de mortalité global. Bien qu’elle soit à la disposition de la population canadienne, la buprénorphine est prescrite à moins d’un pour cent de la patientèle en raison d’un risque potentiel de « sevrage précipité », syndrome où la première dose cause des douleurs soudaines et intenses ainsi que de l’anxiété.
Or, selon une nouvelle revue systématique publiée dans la revue Addictionet dirigée par la Dre Debra Eagles, professeure agrégée au Département de médecine d’urgence de l’Université d’Ottawa, et la Dre Caroline Gregory, résidente en médecine d’urgence, l’incidence de sevrage précipité chez les adultes ayant un trouble lié à la consommation d’opioïdes est faible à la première dose, et les symptômes sont généralement légers.
« Nous espérons que cette étude apaise les craintes concernant la buprénorphine et ouvre la voie à l’utilisation du médicament pour les patientes, patients et prestataires; notre revue systématique est la première à démontrer que l’incidence de sevrage précipité est faible », affirme l’autrice principale, la Dre Gregory du Département de médecine d’urgence de la Faculté de médecine.
L’équipe a analysé 26 études sur le sevrage précipité par la buprénorphine, y compris cinq essais randomisés, tous menés entre 2002 et 2023 et portant sur un échantillon total de 4 497 patientes et patients. La revue conclut qu’il reste des éléments à améliorer; la qualité générale des études retenues était assez faible, et il n’existe aucune définition normalisée du sevrage précipité. Cela dit, les études de plus haute qualité actuelles montrent systématiquement un faible taux de sevrage précipité, même pour la consommation de fentanyl.
« Nous espérons que cela apaise les craintes quant à l’utilisation de la buprénorphine, mais ultimement, il est important que les futures études se penchent sur le risque de sevrage précipité chez les personnes consommant du fentanyl, ajoute la Dre Gregory. En attendant des études de haute qualité, les médecins et les patientes et patients ne devraient toutefois pas s’empêcher d’utiliser ce traitement hautement efficace pour le trouble lié à la consommation d’opioïdes. »
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